Ceci est la deuxième partie de l’histoire touchante d’une cliente Atoly, qui s’est réinventée après quarante ans en créant son propre atelier de céramique. Si vous avez manqué le début de son parcours, vous pouvez lire la première partie ici.
Le trac du premier cours
Je me souviens parfaitement de ma toute première élève. C’était une jeune femme en salopette noire. Ce premier cours fut pour moi incroyablement stressant. J’avais peur qu’elle me pose une question à laquelle je ne saurais pas répondre. J’avais peur de ne pas être capable de corriger ses erreurs. Et probablement encore d’une centaine d’autres choses que je ne me rappelle même plus.
Je n’avais aucune idée si le cours lui avait plu. Mais le lendemain, elle a réservé non pas un cours unique, mais un forfait de quatre séances. J’étais aux anges. J’ai compris alors que j’en étais capable !
Pourquoi j’ai arrêté de donner mon numéro de téléphone
Très vite, les réservations ont commencé à affluer, mais aussi les appels téléphoniques. Et c’est là que j’ai regretté d’avoir rendu mon numéro public. Entre les innombrables appels publicitaires et les gens qui téléphonaient sans même savoir ce qu’ils voulaient demander, cela devenait épuisant.
J’ai vite compris qu’un formulaire de contact sur le site internet est bien plus efficace. Ainsi, les gens expliquent directement leur demande, et je n’ai pas besoin de deviner. Sans cela, certains appellent juste pour discuter, ou attendent que je les convainque de quelque chose qu’ils n’ont pas encore décidé. D’autres me demandaient simplement où j’achetais mes matériaux, sans aucun intérêt pour mes cours.
La leçon ? Ne publiez jamais votre numéro de téléphone en ligne.
Travailler sous la chaleur
Donner cours sur ma petite terrasse n’était pas sans difficultés. Avec seulement un toit et deux murs, la chaleur devenait rapidement insupportable. Sur l’île de la Réunion, dès octobre et novembre, le soleil devient implacable.
Je ne pouvais pas me permettre de construire des murs supplémentaires ni d’investir dans un système de refroidissement coûteux. Alors j’ai improvisé. J’ai acheté un petit ventilateur, attaché un sac plastique rempli de glace dessus, et je l’ai orienté pour rafraîchir sans cesse mon élève. C’était la seule solution à ma portée.
Quand on démarre une activité, il est essentiel de trouver des solutions rapides et peu coûteuses. Je craignais qu’il me faille des mois pour amortir mes investissements. En réalité, cela m’a pris seulement quatre à cinq semaines — et je faisais déjà des bénéfices.
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Peu d’équipement, un jardin inattendu
Ces premiers mois furent rudes. Je n’avais pas d’expérience d’enseignante, ni vraiment de céramiste, et mon atelier était extrêmement modeste. Pour y accéder, les élèves devaient traverser la maison — que je nettoyais de façon obsessionnelle, craignant le moindre détail.
Je n’avais même pas d’évier. Plus tard, j’ai trouvé une vasque d’occasion, que j’ai adaptée avec un tuyau d’arrosage. Ce n’était pas très élégant, mais c’était suffisant pour avoir accès à l’eau, indispensable dans un atelier de céramique.
Le plus surprenant ? Ce système de fortune avait un avantage inattendu. L’eau usée s’écoulait directement dans le sol, arrosant le petit jardin qui entourait l’atelier. La végétation est devenue luxuriante, et des graines longtemps dormantes ont germé. Mes élèves étaient enchantés par cette verdure.
J’ai compris alors qu’on n’a pas toujours besoin de choses chères ou prestigieuses. Parfois, travailler avec ce que l’on a déjà, et transformer ses imperfections en atouts, crée plus de charme que la perfection.
Un deuxième tour, une nouvelle formule
Avec l’arrivée de nouveaux élèves, certains ont demandé s’ils pouvaient venir à deux. Je savais que je devais évoluer, car le monde n’allait pas m’attendre. Après avoir fait mes calculs, j’ai réalisé que je pouvais acheter un deuxième tour de potier.
Cela m’a permis d’élargir mon offre. En plus des cours structurés, j’ai créé une formule pour les personnes qui voulaient simplement s’amuser et découvrir le tournage en duo.
Ce fut un succès ! Jusqu’alors, je pensais que tout le monde, comme moi, se promettait intérieurement de ne pas arrêter tant qu’il n’arriverait pas à faire un vrai vase. La réalité était bien différente : beaucoup venaient simplement pour le plaisir de l’expérience.
Avec le recul, je vois que mon manque d’expérience dans la gestion d’un atelier était en fait un atout. Sans vision rigide, j’étais flexible. Cette liberté m’a permis d’inventer de nouvelles formules et d’augmenter mes ventes.
Conclusion
Ces premiers mois m’ont appris qu’à chaque difficulté se cache une opportunité. Du stress des premières leçons aux ventilateurs bricolés, en passant par le petit jardin devenu un charme inattendu — chaque pas a façonné mon atelier.
Ce qui avait commencé par le doute s’est transformé en confiance, créativité et croissance. Et tout a commencé avec une seule élève réservant un deuxième cours.
Ceci n’est que le début du parcours. La suite bientôt.
